Le Maréchal Hindenburg à Mauregny ?

 Deux témoins affirment que le Maréchal aurait séjourné quelques jours à Mauregny.

 Hindenburg

Photo : Historial de la Grande Guerre

Marcel Payen dit :

"qu'il aurait été logé au 9 rue du chemin de Festieux1 et qu'il tenait des conférences dans une salle tendue de rouge au café Houde"2.

André Coquigny cite les souvenirs de son père et ajoute :

"que le maréchal y allait accompagné de deux gardes du corps, qu'il était de forte corpulence carrée et que le café Houde était tendu de noir, qu'il y avait des chanteurs militaires en tenue de parade" il parle de "plan et d'état major".

Lucie Retraint se rappelle que :

"pendant quelques jours, sa mère n'osait pas sortir et le lui avait interdit, car il y avait quelqu'un dans la maison Pluchart située presque en face de chez elle".

Tous ces renseignements sont convergents.

On peut y ajouter que le service de renseignements français notait l'existence d'une "école d'officiers allemands" à Mauregny, selon un réfugié en 1916 (Ecole ou Etat-major ?).

1 maison Guy Pluchart

2 1, rue de la Croix

Grâce aux archives militaires de Bavière, nous savons maintenant qu'il y avait à Mauregny en 1917 un Etat-major de division. (Une division représente environ 500 officiers et 16.000 hommes). Nous publions les quatre plans qui nous ont été envoyés, ainsi que les notes explicatives précises pour chacun de ces plans.

Il serait donc tout à fait compréhensible que le maréchal Hindenbourg ait pu venir à Mauregny. Dans ses mémoires, il écrit :

"au début de septembre 1916, je parcourus le front occidental... il nous fallait connaître au plus tôt les conditions de la lutte sur le front, afin d'être capable de remédier réellement à ses faiblesses par notre action personnelle"1.

En avril-mai 1918, il "prit contact plus fréquemment avec ses commandants d'armée et groupes d'armées, avec des états-majors importants..." Il mentionne en particulier une visite à un régiment de la garde (Il y avait à Mauregny une division de la Garde Prussienne en 1917)"2.

Il était bien placé à Mauregny avec plusieurs états-majors à proximité, d'autant plus que Mauregny et, en particulier la rue du Chemin de Festieux, était relativement à l'abri des tirs d'artillerie français.

 

 Coucy les Eppes

 Arch. privées : Nicolas Dumont

 Vue prise depuis la butte de Coucy-lès-Eppes en direction de Laon

Il est précisé dans les indications communiquées au Quartier Général français qu'il y avait "un poste d'observation à la côte 145 au Sud du château"3.

 

 Coucy les Eppes Chateau

 Arch. privées : Nicolas Dumont

 Le château de Coucy-lès-Eppes occupé par les Allemands

Une batterie antiaérienne : 4 pièces dans la cour du château, seraient de calibre 105 mm

Coucy les Eppes

 Arch. privées : Nicolas Dumont

 Officiers allemands sur les marches d'entrées du château de Coucy-lès-Eppes

 Positions allemandes

1 - La carte des positions du Groupe de Sissonne date du 01/03/1917. Elle montre que le commandement général du groupe Liebert était à Coucy-lès-Eppes, ainsi que le bataillon N° 2 de mortiers de tranchée. L'état-major de la 19e division de Réserve était à Mauregny. Ces deux endroits servaient de position de réserve. L'état-major de la division bavaroise de remplacement (BED) était à Montaigu.

Positions allemandes

2 - Sur la carte groupe Hoehn : limites des divisions et emplacements des Kommandantur en mars 1917. C'est le territoire délimité de la BED. Il ne reste aucune archive des Kommandantur dont le numéro est noté.

Positions allemandes 

3 - La carte de répartition des places de la 7e Armée date du 29 mars 1917. Le commandement général du Groupe Liebert a maintenant son quartier général à Marchais. A Mauregny, se trouve l'Etat-major de la 5e division de la Garde Prussienne. La 19 e division de réserve est maintenant déplacée vers l'ouest et a son état-major à Coucy-lès-Eppes.

 Positions allemandes

 4 - La dernière carte du 17 avril 1917 n'est pour nous pas très claire, faute de documentation. A Bruyères se trouve la 20e division avec 6 bataillons. La légende signifie : 1 rectangle = 1 bataillon ; les 3 traits avec un 3 signifient trois batteries d'artillerie de campagne. Cela peut être 2 Régiments de 3 bataillons. Dans le plus proche secteur se trouve un état-major à Notre-Dame de Liesse et à Coucy, mais ne sont représentés que 3 bataillons. A coté, il y a de nouveau à Mauregny un état-major de division avec 6 bataillons. A quel lieu se trouve la 1e division d'infanterie de la Garde (1GJD) nous ne pouvons le dire.

 Marchais

 Arch. privées : Robert Payen

Marchais était le siège d'un Etat-major de groupe d'armée

 

1 Ma vie - Ed. Ch. Lavauzelles, 1922, pages 189 et 190

2 Ma vie - Ed. Ch. Lavauzelles, 1922, pages 296 et 297

3 SHA, Vincennes, Paris - Renseignements de la V° Armée