Les archives nous réservent parfois des surprises, en consultant l'état civil de la commune de Mauregny en Haye un nom interpelle MOITY Victor décédé le 10 avril 1917 natif de BRIASTRE (Nord) .
Peut être un soldat prisonnier par les allemands sur Le Chemin des Dames et mort suite de ses blessures.
La première vérification est de consulter le site Mémoire des Hommes, il ne s'y trouve pas, ni sur le site Sépulture de Guerre, ni sur Le Mémorial virtuel du Chemin des Dames.
Son acte de décès stipule qu'il est naît en 1882, avec son nom et sa date de naissance direction « Les Archives Départementale du Nord »
La date de naissance ne correspond pas à son état civil, la table décennale dirige sur le bon acte de naissance,né le 30 janvier1882 la piste s’éclaircit, cela permet également de trouver son acte de mariage qui a eu lieu à VIESLY avec BRUYELLE Marie Le 7 novemvre 1908.
L'acte d'état civil de son mariage:
A l' occasion de cette union les époux légitiment leur enfant.
A cette époque tout citoyen devait s’acquitter envers la nation d'un service militaire Victor était de la classe 1902, mais quelle est son bureau de recrutement, la proximité de Cambrai semble logique, les tables des états signalétiques et des services militaires des archives sont un atout précieux quand on dispose de peu d'éléments sur un soldat.
Grande désillusion, son nom apparaît bien sur le registre son N° de matricule est illisible, il faut donc éplucher une à une tous les pages des registres de la classe 1902 au recrutement de Cambrai ( 6 volumes).
A la page 2492 du volume 5 il apparaît enfin, ce sont des informations importantes trouve sur le parcours du soldat.
Une anomalie saute de suite aux yeux, à la lecture des 3 actes, une erreur de date de naissance se trouve sur chacun des actes. Son signalement et son niveau d'instruction donnent quelques indications. Il est bon pour le service mais dispensé car son frère (Léon) et déjà sous les drapeaux.
Il est incorporé au 153e Régiment d'infanterie (Casernement à TOUL) le 14 novembre 1903 comme soldat de 2ème Classe
Il est en fait affecté
(La Société des Chemins de fer économiques du Nord (CEN) est une compagnie de chemin de fer secondaire, créée en 1884 et dépendant du groupe Empain, fondé par le baron Édouard Louis Joseph Empain, développant plusieurs réseaux à voie métrique.
Son siège était à Anzin dans le département du Nord. Source: Wikipédia)
Des nouveaux mystères naissent, en marge de la fiche matricule est écrit réhabilité le 10 novembre 1931.
Une nouvelle vérification s'impose avec cette question : Aurait-il déserté de l'Armée française ? La fiche matricule ne précise pas la cause de cette réhabilitation. Pourquoi a-t-il été réhabilité ?
A cet instant l’énigme devient-elle insoluble, serions nous contraint d'abandonner Victor MOITY avec ce doute.
Mais pourquoi imaginer le pire concernant Victor, ne serait-il pas resté pris dans la nasse allemande lors du repli de l'Armée française de août 1914 ? Tout simplement prisonnier par les allemands. C'est un espoir de retrouver à nouveau sa trace, nous quittons les archives françaises pour la Suisse et le site Internet du CICR (Comité international de la Croix-Rouge)
C'était la bonne piste, l'autorité allemande a bien déclaré Victor à La Croix Rouge de Genève. Il a été fait prisonnier à Noyon (Oise) Cela reste néanmoin bien maigre comme renseignement. La lettre C veut dire qu'il est enregistré en tant que civil Pour en savoir plus il faut trouver le registre C.1436.
Nous le retrouvons à nouveau inscrit sur les registre en tant que prisonnier à Zossen (prés de Berlin) enregistrement de novembre 1914 ce qui tente à confirmer son arrestation par les allemands dés le début de la guerre.
La vie de soldat sur le front était français difficile, la vie de prisonnier de guerre l'était tout autant, Briastre étant occupé par les allemands, il devait être sans nouvelles de sa famille.
Mais à quoi ressemble le camp de Zossen et la vie d'un prisonnier dans ce camp Voilà quelques éléments :
Source: BDIC
Source: BDIC
La vie du camp de prisonniers s'organise:
- C'est à Zossen, près de Berlin, que semble fonctionner l'organisation la plus complète ; c'est du moins celle sur laquelle nous avons le plus de renseignements. On a fait circuler de a gourbi en gourbi », des listes pour se découvrir les uns les autres. On s'est trouvé 109, dont un professeur de Sorbonne, un professeur de lycée, un inspecteur primaire. Les maîtres trouvés, on recruta les élèves. Il s'en présenta 350.
Des Belges demandèrent ensuite à être inscrits ; et quelques Russes sollicitèrent des leçons de français. On répartit les hommes par groupe de 20 environ ; et des leçons furent organisées tous les jours de huit heures et demie à onze heures et demie, et de six à neuf. L'Amicale de Zossen tient des séances toutes les semaines, et les fonctions de président ne semblent pas être une sénicure : perpétuelle réfection d'un emploi du temps que les départs de maîtres et d'élèves pour d'autres camps troublent sans cesse ; enfin, correspondance avec la France. Car en France on sut ce qui se passait. Des sociétés d'aide intellectuelle se formèrent pour ces prisonniers, à l'entretien matériel desquels on s'était d'abord contenté de songer, et qui nous rappelaient que, même mal nourri, le corps n'était pas tout pour eux. L'une d'elles vise en particulier les étudiants. Le Ministère, les éditeurs envoyèrent les fournitures scolaires réclamées, et des livres. On fut quelque peu étonné de la nature des livres demandés, et on constata avec émotion, que quelques-uns là-bas poursuivaient des études difficiles, entreprenaient de véritables travaux, et on salua de loin leur force d'âme. Source : Bulletin de l'Office d'information des oeuvres de secours aux prisonniers de guerre du 16 septembre1916
Un journal sur la vie du camp est même publié
Source site de la BDIC
Des animations sportives et culturelles sont organisées dans le camp:
Victor MOITY quitte le camp qui doit fermer/
Camp de Zossen. - On nous informe que tous les prisonniers français et belges des différents camps de Zossen ont été transférés à Müncheberg (Brandenburg), Schneidemühl (Posen), Lauban (Schlesien), Chemnitz et Zwickau (Sachsen). Les prisonniers de' Weinberge-Zossen (480) sont à Müncheberg. Source : Bulletin de l'Office d'information des œuvres de secours aux prisonniers de guerre du 27 septembre1915.
Que devient Victor ? Nous perdons sa trace, nous ignorons également sa date d'arrivée à Mauregny en Haye. Ce qui est sur, les allemands avaient besoin de bras, la proximité du Chemin des Dames dont les allemands avaient connaissance d'une attaque prochaine dans ce secteur, il était cultivateur son savoir faire était nécessaire pour les allemands, les mauvais traitements. Ce qui est sur c'est que les allemands ont violés les accords de La Haye.
Les travaux. Depuis quelques mois, une modification s'est produite dans l'organisation générale des Dépôts. L'usage s'est étendu en Allemagne comme d'ailleurs en France d'extraire des camps un certain nom-
bre de prisonniers, qui sont affectés à des travaux de toute nature. En France, on a espéré pour nos soldats prisonniers en Allemagne que ce changement, diminuant l'entassement dans les camps et les facilités de contamination qui en résultent, amènerait une amélioration de l'état sanitaire des prisonniers et de la condition générale des travailleurs. Pour ceux qui sont affectés, chez des paysans, à des travaux agricoles, le régime dépend des dispositions particulières de leurs employeurs : ceux-là d'ailleurs reviennent le soir coucher au camp. Ils ne constituent qu'une petite minorité.
Plus nombreux sont ceux qui travaillent dans les carrières, dans les mines de charbon où les accidents sont malheureusement très fréquents, dans les mines de sel d'où l'on revient avec des maladies de peau, des maladies d'yeux.
L'autorité allemande a imaginé un autre emploi de la main-d'œuvre : le défrichement des marais innombrables du Schleswig, du Hanovre et de la Bavière, travail trop malsain pour être effectué en temps de paix par des hommes libres. Ainsi dans ces camps de Weitmoos, de Puchheim, de Heseppe et combien d'autres, des milliers de Français mal nourris, mal vêtus, mal chaussés peinent toute la journée, les pieds dans l'eau, et contractent ces maladies rhumatismes, fièvres, diarrhées, qui resteront toute la vie comme la marque douloureuse de leur internement en Allemagne.
Le travail contre la France. Pour ajouter à ces souffrances physiques une angoisse morale, d'autres Français, depuis des mois, sont acculés à cette alternative odieuse : ou bien collaborer dans les usines à la fabrication des obus allemands, aller creuser des tranchées sur le front russe et d'une manière ou de l'autre subir cette humiliation suprême de fourbir des armes contre leurs frères, contre leurs amis, contre la France ou bien endurer des traitements dont rougirait un pays qui ne serait pas le pays de la Kultur.
Source:
Les privations ont eu raison de sa santé. A t'il était enterré par les allemands dans le cimetière de Montaigu comme certains des soldats fraçais prisonnier sur Le Chemin des Dames? Ils ont été transférés dans la Nécropole française de Soupir. Précédement nous avons pu vérifier que ce n'était pas le cas.
Tombe de Nicolas à SOUPIR
Il ne figure pas sur le monument ni sur le Livre d'Or de sa commune .
Il est peut être dans le cimetière communal de Briastre à ce jour nous ne savons pas ou il repose?
L'attente a du être terrible pour la famille,ne pas voir l'enfant, le mari rentrer à la fin de la guerre avec toute l'angiosse que cela peut engendrer. Mauregny en Haye a été libéré en octobre 1918 par les italiens, l'administration municipale ne s'est pas remis en place rapidement. Le secrétaire de l'état civil a transmis l'information de l'acte de décès seulement en 1923, sa réhabilitation date de 1931
Victor MOITY aurait toute sa place dans le grand mémorial du site Mémoire des Hommes, et de sa commune il est tombé dans l'oubli de la mémoire collective le centenaire nous donne l'occasion de nous faire revivre son parcours.
Merci de votre attention
PS: Nous reviendrons dans un prochain article sur le parcours de son frére Léon MOITY
Mauregny en Haye 423 hab. par JM Moltchanoff
Les cahiers d'histoire de Mauregny ont été rédigés par Guy Pluchart et Jacques Tavola
Les auteurs ont parcouru les services d'archives et publient "Les cahiers d'histoire de Mauregny".
> Une histoire très détaillée du village de la préhistoire au 19° siècle.
> Histoire du chanvre à Mauregny
> Doléances de 1789
> Cartes postales anciennes
> Histoire de Fussigny, village disparu
Un excellent travail ! Un des meilleurs sites de l'annuaire selon l'Annuaire des sites d'histoire des villages
par Gilbert Delbrayelle
début | Powered by CMSimple_XH | Template by w.scharff | Accompanying Template Tutorial | Connexion