Les Curés
BIOGRAPHIES
Curé de Mauregny
1752 à 1792
Nous ne connaissons pas ses origines. Le 07 juillet 1752, un acte passé devant le MEURICE, notaire à Coucy-lès-Eppes nous informe de la « prise de possession de la cure par Jean Charles BOURGEOIS, prestre, en vertu des provisions de Mgr l’évêque duc de Laon ».
Il apparaît ensuite dans d’autres actes le 14 mai 1755,dans un bail de la perception de la dîme de Mauregny par l’abbaye de Saint-Vincent de Laon. Il en est de même le 16 août 1763, le 25 septembre 1772 et le08 mai 1781[D´après FLEURY - Clergé/Révolution - Cuissy - T1 p108 et p163]. Et, le08 mai 1787 avec l’abbaye de Cuissy. Il signe le registre paroissial de Mauregny de 1769 à 1792, le registre antérieur à1769 est disparu. Il apparaît enfin dans le dossier de réparation du clocher de Mauregny en 1760 (Voir le cahier de cette période)
Son itinéraire à travers la Révolution a pu être reconstitué.
En avril/mai 1789, il s’occupe des pauvres de la paroisse, et des ateliers de charité. Cela fait partie de ses attributions en tant que curé.
Le 03 août 1790, il demande des réparations au presbytère. Le 21 novembre 1790,il prête serment.
Le 13 septembre 1792 :
« Considérant que ledit BOURGEOIS, est frappé par la loi des 29 et 30 vendémiaire (20 et 21 /10) comme ayant fait des restrictions à son serment.
Que l´Administration par son arrêté du 27 fructidor (13/09) ordonne que ledit BOURGEOIS sera conduit dans la maison d´arrêt de Laon et les scellés apposés sur ses meubles ».
Le 15 septembre 1792, il signe son dernier acte dans le registre paroissial de Mauregny. Il part pour Clermont, où, le 30 septembre 1792, il prête serment devant la municipalité, en vertu de la loi des 14 et 15 août 1792 .
Le 22 vendémiaire an II (13 octobre 1793, Claude Eustache François MAROLLE, évêque constitutionnel de l’Aisne lui délivre les provisions de desservant de la commune de Clermont.
Le 27 fructidor an II (13 septembre 1794), le District décide par arrêté que « ledit BOURGEOIS, après avoir prêté le 21 novembre 1790, un serment constitutionnel, a restreint et vicié ce serment par une déclaration du 26 May 1791 ; en conséquence de laquelle il a été ordonné que ledit BOURGEOIS sera arrêté et conduit en la Maison de Justice, les scellés apposés sur ses meubles et papiers, distraction faite de ceux qui seraient reconnus suspects dont l’envoi serait fait de suite au Département ainsi que dudit arrêté et des pièces sur lesquelles il a été». Ses biens sont saisis et il est mis en détention jusqu’au 26 nivôse an III (15 janvier 1795).
Le 3ème jour des sans culottides AN II (19 septembre 1794), le District ordonne en conséquence la sous location de ses vignes sises à Courtrizy.
Le dernier jour des Sans Culottides (21 septembre 1794, la commune de Courtrizy et Fussigny et le 1er frimaire (21 novembre 1 794) celle de Mauregny et Haie lui délivreront chacune un certificat « tous deux attestant du civisme et de la bonne conduite de BOURGEOIS et de sa soumission aux lois, de son empressement à s’y conformer et à satisfaire à toutes les obligations imposées aux citoyens». Enfin, la commune de Clermont prend une : « délibération revêtue de l’attestation du Comité de Surveillance du canton de Montcornet qui constate que Jean Charles BOURGEOIS a dans tous les tems donné des preuves du patriotisme et de civisme le plus pur ».
Le 26 nivôse an III (15 janvier 1795), « le Directoire du Département de l’Aisne » « Vu la pétition présentée au District de Laon par Jean Charles BOURGEOIS, ex-curé de Mauregny et Haye, actuellement interné à la maison de justice, par laquelle il demande sa mise en liberté.
L’avis du District de Laon intervenu sur cette pétition tendant à ce que les sermens prétés, par ledit BOURGEOIS, soient déclarés tous valables et au rapport de l’arrêté du District du 27 fructidor an II (13 septembre 1794), en conséquence ledit BOURGEOIS a été amené à la Maison de Justice »... « considérant que la réclamation faite par BOURGEOIS ne peut être qualifiée de réfraction, que la commission à lui délivrée par l’Evêque constitutionnel en est une preuve non équivoque puisque certainement il ne l’eut pas employé si les sentiments politiques de BOURGEOIS lui eussent rien présenté de suspect, que les nombreux certificats rapportés par BOURGEOIS éloignent toute espèce de doute.
Considérant enfin, que la loi des 29 et 30 vendémiaire dernier (20 et 21 octobre 1 794) ne change dans la classe des prêtres sujets à la déportation que ceux qui se sont rendus coupables d’une rétractation dont la déclaration du 25 May 1791 ne présente point le caractère.
Arrêté, qu’il n’y a lieu à regarder comme rétraction la déclaration faite par Jean Charles BOURGEOIS, ex-curé de Mauregny et Haie le 25 May 1791 et conséquemment qu’il ne peut être passible des peines portées par la loi des 29 et 30 vendémiaire IIème année.
Signé : MARGERIN Pdt - LECROCQ - SANTERRE - BOURGUIGNON d’HERBIGNY - FRIBERT - DENNEQUIN ».
Le 01 pluviôse an IV(21 janvier 1796), il doit prêter le serment « de haine à la royauté ». Il sera absent ainsi que d’autres citoyens.
« Serment de haine à la royauté par tous les fonctionnaires publics et employés du gouvernement et tous ceux qui sont salariés par la République.
- Philippe BABLED, Agent de Mauregny.
- Etienne HOUILLE, Instituteur de Montaigu.
Absents :
- Toussaint GOBERT, Adjoint de Mauregny.
- Jean Charles BOURGEOIS, Pensionnaire de l’état à Courtrizy, ancien curé de Mauregny.
Présents :
- Jean Antoine BOITELLE, Assesseur de Mauregny.
Et, le lendemain 02 pluviôse an IV (22 janvier 1796) sont :
« Excusés : n’ont pas reçu à temps la convocation.
- Toussaint GOBERT, de Mauregny, Assesseur au Juge de Paix.
- Jean Antoine BRACONNIER, de Mauregny, Assesseur au Juge de Paix.
- Jean Pierre DEUDIN, de Mauregny, Assesseur au Juge de Paix.
- Jean GOBERT, de Mauregny, Assesseur au Juge de Paix.
- Jean Charles BOURGEOIS, Pensionnaire de l’Etat à Courtrizy.
C’est à Courtrizy qu’il vivra sa retraite jusqu’à son décès le 4ème jour complémentaire an XI (21 septembre 1802).
Le 17 juin 1811, l’administration s’aperçoit que la succession après décès de Jean Charles BOURGEOIS n’a pas été effectuée.
« Acte de notoriété par Antoine DELIGUAT et autres de Courtrizy qui constate qu´il n´a point été fait d´inventaire après le décès du Sieur Jean Charles BOURGEOIS, décédé curé à Mauregny le 4ème jour complémentaire an IX ».
- Philippe GOBERT
Curé de Clacy 1776-1791 et de Mauregny 1805-1813
Nous ignorons sa date de naissance, car il y a un manque de trente années dans les registres d’état civil de Mauregny du XVIIIème siècle.
Le 26 août 1762, nous trouvons « une donation par Claude GOBERT demeurant à Mauregnier au profit du Sieur Philippe GOBERT, son fils, accoliste, demeurant au séminaire de Laon pour lui tenir lieu de titre clérical de la valleur de 2 000 livres sur une maison et d’autres héritages à Mauregnier ».
Au décès de son père le 22 novembre 1775, Philippe GOBERT est nommé Abbé GOBERT, vicaire au Gros Dizy.
Nous ignorons à quel moment il a été ordonné prêtre, mais dès le 19 février 1776, il est « prêtre curé de Saint-Jacques de Claci ».
Le 20 octobre 1783, on trouve « une vente d’une pièce de bois taillis à Mauregny par Monsieur de Miremont à Jeanne CORNET, Veuve Claude GOBERT à Mauregny et Philippe GOBERT, son fils, curé de Clacy ».
Il restera curé de « Claci » jusqu’au 16 mars 1791. C’est du moins la date du dernier acte qu’il a signé dans le registre paroissial de « Claci ».
Le 5 avril 1791, on trouve un acte signé par Pierre BERNARD, curé de la paroisse de Laniscourt, et dès le 15 mai 1791, c’est Joseph MOUSSETTE qui est curé de Clacy. Philippe GOBERT a donc refusé la Constitution civile du clergé, suivant les instructions du Pape qui a condamné cette constitution le 10 mars 1791.
Le 29 juillet 1791, Philippe GOBERT doit présenter ses comptes. Il a touché sur le produit des diximes de la cure de Clacy et des terres qu’il cultivait : 832 livres. Il a eu 151 livres 5 sols de frais, restent 680 livres 15 sols. Comme le salaire d’un prêtre avait été fixé à 1200 livres, il lui reste donc à toucher 519 livres 5 sols.
Le 12 mars 1796, nous apprenons que :
« Vu la pétition de Jeanne CORNET, Veuve de Claude GOBERT, demeurant à Mauregny, à l’effet d’obtenir la levée des scellés mis sur un coffre délaissé par Philippe GOBERT, son fils cy devant curé de Clacy, attendu que ces effets dépérissent.
Vu aussy le renvoi du 1er décembre de la municipalité de Mauregny pour y joindre expédition du passeport qu’elle a délivré au déporté qui doit exister une minutte sur ses registres, laquelle expédition sera extraite dudit registre en entier.
Le conseil permanent du Département de l’Aisne, le P G S entendu, arrête que le tout sera renvoyé à la municipalité pour donner des commissaires exactes sur les réclamations de la pétition et prendre les renseignements nécessaires des anciens officiers municipaux sur le défaut de l’enregistrement du passeport du cy devant curé de Clacy, de rendre compte pourquoi cette formalité n’a pas eu lieu » .
Le Sieur Philippe GOBERT a donc été « déporté ».
Dans son cas, comme d’ailleurs pour la plupart des déportés, il s’agit d’un exil. Les condamnés devaient se rendre dans un pays étranger qui ne soit pas en guerre avec la France. Philippe GOBERT a donc quitté la France entre le 26 août 1792 et le 01 décembre 1792. Son passeport a été délivré en conformité avec la loi du 26 août 1792.
Le 08 ventôse an II (26 février 1794),
« Citoyen JOLLY, commissaire, désigné pour mettre sous séquestre les meubles et effets mobiliers des émigrés, je me suis transporté à Mauregny et me suis rendu, assisté de Jacques VUATELLIER, maire et Pierre WATELLIER agent national, chez la citoyenne Jeanne CORNET, veuve de défunt Claude GOBERT, pour mettre sous séquestre tous titres et papiers et inventaires tous les effets mobiliers d´icelle communauté à cause de l´émigration de son fils Philippe GOBERT, ci devant curé à "Classie" (Clacy). Etant entré dans ladite maison nous y avons trouvé ladite CORNET, qui, après communication prise de notre commission, nous a remis toutes les clefs des armoires, et avons procédé à notre opération comme suit : »
L’inventaire est assez lisible, il représente les biens faisant partie de la communauté Claude GOBERT et Jeanne CORNET dont Philippe GOBERT est héritier.
Il est signé par :
« Jacques VUATELLIER - Pierre WATELLIER - Martin GOBERT - JOLLY».
Le 30 prairial an II (18 juin 1794), est dressé un état qui constate « l’émigration et la déportation ». GOBERT, curé de Clacy est répertorié comme « Déporté » [Fleury - Le clergé dans l’Aisne - T.II, p53] .
Le 18 vendémiaire an IV (10 octobre 1795), il y a une délibération du conseil permanent du département :
« Vu la pétition d’Alexandre Noël et Alexandre Martin GOBERT, demeurant à Mauregny, tendante à être envoyée en possession des biens de Philippe GOBERT leur frère, déporté, ex-curé de Clacy....
Vu la loi du 22 fructidor dernier (08 septembre 1795)...
Vu que Philippe GOBERT a été déporté en vertu de la loi, qu’ainsi appartient à eux la restitution de leurs biens.
Décide qu’ils seront envoyés en possession et jouissance des biens meubles et immeubles appartenant audit Philippe GOBERT, loi de sa déportation.
Ils pourront jouir des meubles et immeubles en nature et être payés de ce qui se trouvera vendu déduction faite des frais de régie.
En marge :
1 - Fournir un état contenant les loyers, intérêts des fruits perçus appartenant audit GOBERT, jusqu’au 14 floréal an II (03 mai 1794).
2 - Inventaire contenant le principal de ventes provenant des meubles et immeubles, ensemble les loyers et intérêts perçus depuis ledit jour.
3 - Un inventaire contenant les frais de régie».
Le 13 prairial an IV (01 juin 1796), on note :
« Déclaration par Jeanne CORNET, veuve de Claude GOBERT, demeurant à Mauregny d’une part,
Claude Charles - Alexandre Noël - Alexandre Martin GOBERT, vignerons - Joseph DELAN, Mer Marie Nicole GOBERT, sa femme, demeurant à Mauregny, Nicole CHARLIER, veuve de Jean Baptiste GOBERT demeurant au Gros Dizy, tant en son nom que pour, Jean Baptiste - Théodore - Jean Claude - Marie Elisabeth - Marie Josèphe et Martine GOBERT, ses enfants.
Portant qu’ils sont héritiers chacun pour un cinquième de Philippe GOBERT, déporté avant la loi du 17 nivôse an II(06 janvier 1 793, ladite Jeanne CORNET en étant seule héritière.
Passé pardevant DELIANCOURT, notaire à Montaigu le 28 floréal an IV (17 mai 1796)».
Le 18 vendémiaire an V (09 octobre 1796), cette affaire est enfin terminée
« L’administration centrale de l’Aisne, vu la demande de Jeanne CORNET, veuve GOBERT, de la commune de Mauregny, d’Alexandre Noël GOBERT et autres héritiers présomptifs de GOBERT, leur frère prêtre déporté tendant à être envoyés en possession des biens dudit GOBERT.
Vu l’avis du district de Laon du 18 vendémiaire an IV (10 octobre 1795).
Ensemble l’arrêté du 18 brumaire dernier (08 novembre 1795) portant avant faire droit de la justification du certificat de déportation du Sieur GOBERT.
Vu le passeport délivré à ce dernier en conformité de la loi du 26 août 1 792 dûment en règle.
Vu l’arrêté du 08 floréal portant un sursis à statuer jusqu’à ce que les pétitionnaires se soient accordés sur leur qualité.
Vu enfin l’acte de notoriété du 28 floréal suivant duquel il résulte que Jeanne CORNET, veuve de Claude GOBERT d’une part, Claude Charles, Alexandre Noël, Alexandre Martin GOBERT, Joseph DELAN, Marie Nicole GOBERT sa femme de lui autorisée, tous vignerons et habitants de la commune de Mauregny, Marie Nicole CHARLIER, veuve de défunt Jean Baptiste GOBERT vivant maréchal au Gros Dizi, celle-ci en son nom et comme tutrice et se portant fort pour ses 6 enfants, sont seuls et uniques héritiers de Philippe GOBERT, prêtre déporté.
Considérant que toutes incertitudes à cet égard ayant disparues que l’acte de notoriété et le passeport exigé ..... en remplissent entièrement les intentions.
Considérant que les lois des 22 et 19 fructidor an IV (08 et 05 septembre 1796) sont applicables aux pétitionnaires ..... arrête que les pétitionnaires ci-dessus désignés ..... rentreront en possession des biens meubles et immeubles appartenant audit Philippe GOBERT lors de sa disparition, en conséquence mainlevée de tout séquestre ou confiscation de biens qui auroient été établis ou prononcés en vertu des lois du 26 août 1792, 09 septembre 1793 et 30 vendémiaire an II (21 octobre 1793) ».
Nous ignorons où Philippe GOBERT a été déporté, mais il réapparaît à Mauregny après le 18 brumaire an VIII.
Dans des actes notariés les 25 fructidor an XIII (12 septembre 1805 et 13 frimaire an XIV (04 décembre 1805), il est qualifié de « prêtre desservant la succursale de Mauregny».
Le 16 mars 1810, il est « curé de Mauregny».
Enfin, le 14 septembre 1813, Philippe Toussaint GOBERT est décédé à Mauregny.
Est-ce lui ?
Le registre d’état civil de Mauregny a été détruit par l’incendie du 30 septembre 1813 (Voir Cahier N°1 - 1800/1849), et il n’y a qu’une liste récapitulative des actes de l’année.