Cendres et départements


Les cendrières de l'Aisne

Comme pour les usines le nombre des communes concernées est trop important pour permettre une description exhaustive des cendrières dans le cadre de cet article. Je vais donc simplement en donner une liste alphabétique par régions géographiques : vallée de la Marne, de l'Aisne et ses affluents, de l'Ailette, de l'Oise et collines est du Laonnois (fig. 5).

 Carte cendrieres du Laonnois

Pour chaque commune citée, il existe au moins un document et, quand il y en a plusieurs, je mentionnerai au moins les dates extrêmes. Je donnerai quelques éléments d'histoire pour certaines d'entre elles, tout en précisant bien que l'abondance des documents collectés ne correspond pas forcément à l'importance réelle de la cendrière. Toutes les cendrières marquées d'un astérisque sont décrites par d'Archiac en 1843.

Vallée de la Marne

Il exista des cendrières à Chierry (*1816-1855), à CourtemontVarennes (concession en 1777), à Etampes-sur-Mame (1855), à Jaulgonne (* 1816-1855), à Mézy- Moulins (*concession en 1779), à Paroy (commune de Crésancy, en 1779), et enfin, à Passy-sur-Marne (* 1816- 1843). On peut se demander si ces cendrières n'ont pas été liées à la vigne comme dans la Montagne de Reims.

Vallée de l'Aisne et ses affluents Vesle et Crise

Il y eut des cendrières tout le long des vallées de l'Aisne et de ses affluents Vesle et Crise, ainsi qu'à l'est dans le département de la Marne (Vesle et Ardre) et à l'ouest dans le département de l'Oise. Dans la vallée de l'Aisne, la cendrière la plus à l'est est celle de Beaurieux, car au-delà la couche d'argile à lignite disparaît. Il n'y a pas trace d'usines vitrioliques dans l'arrondissement de Soissons (une usine faisait de la soude et de l'acide sulfurique à Soissons en 1813 ; mais est-ce à partir des cendres noires ?). Girault de Saint-Fargeau note : «depuis 18 ans, on a commencé à exploiter de l'autre côté de l'Aisne, près de Soissons, une ou deux carrières. Peut-être la couche s'étend-elle de ce côté plus loin qu'on ne l'a soupçonné jusqu'à présent».

Il y a eu des cendrières à Acy (1816), à Billy-sur-Aisne (* 1813-1855), à Bazoches (1824-1857), à Beaurieux (1774-1808), à Bourg-et-Comin (1698 puis 1788-1880 exploitation importante et prolongée), à Braine (il y a un lieu-dit «La Cendrière»), à Bucy-le- Long (*1855), à Chassemy (*1847-1857), à Ciry-Salsogne (* 1833-1855), à Courcelles (*), à Courmelles (*hameau de Vignolles, 1855), à Cuissy et Geny (* 1802-1822, abandonnée à cause de l'abondance de l'eau), à Fontenoy (*1855), à Limé (*1855), à Meurival (1844), à Mont-Notre-Darne (*1827-1847), à Moussy-Verneuil-Courtonne (1816), à Noyant-et-Aconin (1855-1857), à Osly-Courtil (* 1816-1857), à Paars (*1855), à Quincy-sous-le-Mont (*ferme de Bruyères - 1817-1857), à Ressons-le-Long (*1816-1855), à Rozières-sur-Crise (* 1855), à Soissons (1816-1855, d'Archiac mentionne deux cendrières à Chevreux, à l'extrémité du faubourg de Crise ; en 1787, on mentionne une mine «dans les fortifications de la ville» à 12 ou 14 pieds de profondeur), à Vailly (* 1855), à Vieil-Arcy (* 1839-1857, le Journal de l'Aisne mentionne une écluse de la cendrière de Pontarcy en 1839 ; actuellement il y a un lieu-dit «La cendrière» près du pont sur le canal au sud de Bourg-et-Comin), à Vic-sur-Aisne (* 1855), à Villers-enPrayères (*1855).

Vallée de l'Ailette

De sa source à Sainte-Croix jusqu'à son confluent avec l'Oise, il y a de nombreuses cendrières dans la vallée de l'Ailette. Mais, c'est à son confluent avec l'Ardon, dans la zone de Lizy, Chavignon, Urcel, Mailly, Chailvet, que l'activité liée aux cendrières fut la plus importante et la plus durable. C'était une région privilégiée, car outre les cendres, on y exploitait le grès pour les pavés et l'argile à Urcel pour les briques réfractaires, au lieu-dit «Les trous à pots» ; cette importante briqueterie existait encore au début de ce siècle. Enfin, on y trouvait la tourbe.

Il y a eu des cendrières à Anizy-le-Château (1805-1847, Cuvillier de Wissignicourt mentionne deux cendrières à cette date), à BouconvilleVauclair (*), à Bourguigon-sous-Coucy (*1767-1855), à Cessières (*1761-1857). Rappelons que c'est dans la région de Cessières, Suzy, Faucoucourt que la production des cendres démarra massivement sous l'impulsion des expériences agricoles du sieur Gouge), à Champs (18441857), à Chavignon (1766-1854, le sieur d'Espinoy a fait faire des recherches à l'aide d'une sonde jusqu'à 80 pieds de profondeur en 1766), à Chaillevois (1808-1835), à Chermizy-Ailles (*1816-1900, il y eut des cendrières tant à Chermizy qu'à Ailles qui étaient alors des communes séparées ; et il reste encore au plan cadastral un lieu-dit «La cendrière» qui se traduit par des étangs), à Chevregny (* 1855), à Filain (*), à Faucoucourt (1760-1770), à Colligis-Grandelain (1862), à Landricourt (1856), à Laval (Mailly est à cheval sur les communes de Laval et Urcel, il est donc souvent difficile de faire la part des deux communes sous la mention Mailly. Il y a des cendrières sur le terroir de Laval), à Laon (il y a une mine «d'ambre jaune» en 1770, et des cendrières en 1855), à Lizy (* 1767-1865, c'est une dame Gouge qui a ouvert la première cendrière), à Monampteuil (1864, au lieu-dit «Les cailloux»), à Pancy (*1855), à Pargny-Filain (* 1816 -1857), à Royaucourt et Chailvet (* 1788, jusqu'en 1914, une cendrière Sainte-Geneviève fait souvent de la publicité au milieu du XIXe siècle), à Suzy (*1760-1855, près de la ferme d'Ardenne), à Trosly- Loire (*1855), à Urcel (*1771, jusque vers 1914. Il existe une série de cinq cartes présentant «Les cendrières du Domaine de Mailly, propriété du comte de Changy», vers 1907). (fig. 6, 7, 8, 9).

Vallée de l'Oise

Elle fut aussi le siège d'une intense exploitation, depuis Itancourt au nord et sur tout l'ouest de cette vallée jusqu'au département de l'Oise, en particulier les régions de Guiscard et Noyon où fut découverte, nous

Urcel Mailly

 

URCEL




l'avons vu, la terre-houille. Dans une monographie de l'Oise, on note 42 cendrières46. La première compagnie formée fut celle de Beaurains, agrandie en Compagnie de Beaurains et du détroit d'Annois, qui existait encore en 1833. Cette région avait l'avantage d'être desservie par une rivière et des canaux, et d'avoir de grandes régions agricoles toutes proches, Somme, Nord, Pas-de-Calais et même Belgique, pour débouchés. La proximité des mines de charbon favorisait les usines, et l'expérience technique des mineurs de charbon était particulièrement utile puisque nombre de cendrières étaient en puits et galeries. Mais, ces puits n'avaient que 1,10 m de diamètre, 6 à 12 m de profondeur. Les matériaux, ainsi que l'eau, étaient extraits à l'aide de treuils horizontaux mus à bras, comme ceux des puits pour l'eau potable : il en existe un dessin de 181547. Ces puits, comme les galeries d'ailleurs, ne duraient que quelques mois ; ils n'ont donc probablement pas laissé de traces dans le paysage.

Il y eut des cendrières à Amigny-Rouy (1855), à Andelain (*18111871), à Annois (et son hameau du détroit d'Annois, * 1760), à Benais (1769-1816), à Bertaucourt-Epourdon (*1805-1855), à CaillouelCrépigny (citée par la Carte géologique I.G.N.), à Charmes (*1763-1856, au Mont Frénoy), à Flavy-le-Martel (1788), à Fressancourt (1788-1856), à Frières-Faillouel (* 1855), à Hinacourt (1805-1825), à Itancourt (17671791), à Jussy (* 1763-1866, l'exploitation y fut particulièrement importante. Melleville mentionne une dépendance «La Cendrière»), à Liez (*1788-1857), à Ly-Fontaine (1854-1858), à Manicamp (ferme de Jonquière, 1855), à Mennessis (1839-1860), à Montescourt (* 1816-1855), à Neuflieux (1857), à Quessy (* 1816-1883, importante exploitation), à Quierzy (*1858), à Remigny (*1816-1858), à Rogécourt (hameau de Blanchecourt très souvent cité, * 1797-1887), à Travecy (* 1771-1855), à Vendeuil (* 1760-1855), à Versigny (*1788-1858, il y a encore un lieu-dit « La Cendrière »), à Villequier-Aumont (1821-1855, au hameau de Guyencourt). En 1850, des dépôts de cendres noires à Vadencourt furent enlevés par les crues de l'Oise.

45. Molécules, magazine de l'Union des industries chimiques, juillet 1983, n° 21, p. 2.